Bry et la mémoire daguerrienne

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Depuis plus de cent cinquante ans, la mémoire du talentueux inventeur est entretenue et honorée à Bry-sur-Marne. Le centième anniversaire de la mort de Daguerre, en 1951, le cent-vingt-cinquième anniversaire, en 1976, et plus récemment encore, le cent-cinquantième anniversaire, en 2001, ont été l’objet d’importantes expositions et commémorations au niveau communal. En 1910, une place, une rue, une avenue et un boulevard portaient le nom de Daguerre. Cette situation n’était d’ailleurs pas sans poser quelques problèmes pour les visiteurs de passage ou pour la distribution du courrier, ce qui amena plus tard la municipalité à limiter à une place et à un boulevard l’hommage public à Daguerre.

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À Daguerre, le monde reconnaissant ?

À la fin du XIXe siècle, la commune de Bry manifesta son intention de faire édifier un monument à la gloire de Daguerre. Par délibération en date du 6 août 1892, le conseil municipal vota l’érection d’un monument « destiné à consacrer dignement la mémoire de l’inventeur ». La commune s’associa à la Société française de photographie et rassembla un comité de patronage constitué de hautes personnalités du monde de la science, des arts et de la politique. En mars 1894, elle lança une vaste souscription internationale, relayée par voie de presse, afin de récolter les fonds nécessaires à l’élévation du monument. Le monument, constitué d’une stèle de pierre de l’architecte Grenet surmontée d’un buste de bronze du sculpteur Élisa Bloch, put être inauguré solennellement le 27 juin 1897. En accordant à ce monument une place de choix, visible de tous les visiteurs de passage, en face du pont de Bry, porte d’entrée de la ville, la commune a voulu montrer sa fierté d’avoir compté le grand Daguerre parmi ses habitants.

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Heurs et malheurs du diorama

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La commune ne fut pas seulement soucieuse d’entretenir le souvenir de Daguerre par des hommages publics. Elle veilla également à conserver et entretenir le précieux diorama de l’église de Bry-sur-Marne afin de le transmettre aux générations futures. À l’exception d’une retouche réalisée par Daguerre lui-même en 1847 et à l’exception de dégradations perpétrées par des soldats prussiens lors de la guerre de 1870, qui nécessitèrent des travaux de restauration en 1872, l’œuvre a traversé le XIXe siècle sans préjudice majeur. Au tout début du XXe siècle, dans le contexte des tensions religieuses suscitées par la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le diorama se trouva au cœur des rivalités qui opposaient à Bry, la paroisse à la municipalité laïque et républicaine. En 1910, le curé de Bry-sur-Marne, l’abbé Lemoine, sous prétexte de réparation, procéda dans l’église à divers travaux de peinture et d’aménagement sans signaler leur nature précise à la municipalité.
Considérant sans doute que le diorama détournait un peu trop l’attention de ses fidèles, le curé de Bry profita de ces travaux pour faire disparaître sous la peinture tous les éléments de scénographie imaginés par Daguerre pour mettre en perspective son œuvre, reléguant le tableau au rang de simple élément de décor. La municipalité, qui commit l’erreur de ne pas faire suivre ces travaux, fut mise devant le fait accompli. Le conseil municipal s’en indigna et confia immédiatement à l’architecte communal et à Adrien Mentienne le soin de rédiger un rapport sur l’initiative irréversible du desservant de la paroisse. Peu impressionné par la municipalité, le curé commit également l’affront de dissimuler soigneusement le tableau derrière toutes sortes de branchages, de pots de fleur, de lumières et autres statues de mauvais goût. En 1913, Adrien Mentienne s’en inquiéta à nouveau. Craignant pour la sécurité de l’œuvre, l’ancien maire demanda au conseil municipal de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer sa protection. Dans sa séance du 24 mai 1913, le conseil vota une délibération dans ce sens. La commission des Monuments historiques reconnut la légitimité de la demande de la municipalité et décida de classer l’œuvre au titre des monuments historiques (27 décembre 1913), afin de la protéger contre toute nouvelle tentative de dégradation.
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Dans l’esprit de Daguerre ?

Malgré sa protection, en raison de mauvaises conditions de conservation et faute d’entretien, l’œuvre se dégrada progressivement après la Première guerre mondiale. A plusieurs reprises, en 1928, 1936 et 1939, la commune alerta les autorités sur le très mauvais état de la toile. La Seconde guerre mondiale ne permit malheureusement pas de réaliser les travaux de restauration nécessaires, ce qui aggrava encore plus la détérioration du tableau. Il fallut attendre 1950 pour que le diorama connaisse une première restauration, qui fut complétée par une deuxième (1961), puis par une troisième restauration (1975). Par méconnaissance de la technique du diorama, les restaurateurs procédèrent au grattage et au rentoilage du revers de la toile, faisant ainsi disparaître ses qualités de transparence qui faisaient toute son originalité. Le choix de l’adhésif de rentoilage par les restaurateurs fut particulièrement malheureux. Sensible aux variations hygrométriques, la colle utilisée favorisa la formation de nombreux plis et de cloques, altérant considérablement la couche picturale. Depuis 1999, après plusieurs études, la commune s’est engagée dans un ambitieux programme de restauration. En 2007, la peinture a été démontée et installée dans un bâtiment spécialement construit à cet effet pour y être confiée à une équipe de restaurateurs. En 2012, des travaux destinés à aménager le chœur de l’église comme il le fut au temps de Daguerre, avec les éléments de scénographie disparus aujourd’hui, ont commencé. À la fin de l’année 2012, après des mois de restauration, le diorama sera réinstallé dans un environnement proche de celui qui était le sien en 1842. Les merveilleux effets imaginés par Daguerre pourront à nouveau susciter l’admiration de tous les spectateurs.

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Mairie de Bry-sur-Marne

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