Temps forts : Inauguration de la statue du Colonel ARNAUD BELTRAME

Le mardi 27 mai 2025, après déjà 500 autres communes à travers la France, la Ville de Bry-sur-Marne a rendu hommage à son tour au Colonel Arnaud Beltrame avec l'inauguration d'une élégante statue en bronze en présence de la famille Beltrame, du Ministre de l'Intérieur, du Directeur général de la Gendarmerie Nationale, de l'avocat de la famille, et de nombreux élus et délégations militaires dont la Garde Républicaine. Près de 800 personnes ont assisté à la cérémonie sans oublier les 25 généreux mécènes qui ont permis l'acquisition de l'œuvre.

Le sacrifice ultime d'Arnaud Beltrame qui s'est volontairement substitué à une femme innocente prise en otage pour lui sauver la vie est vecteur de belles valeurs à transmettre aux générations futures : don de soi, courage et amour du prochain.

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Un hommage national à Bry-sur-Marne

Le mardi 27 mai 2025, près de 800 personnes se sont réunies à Bry-sur-Marne pour assister à l’inauguration de la statue du colonel Arnaud Beltrame, héros de la Nation, tombé lors de l’attaque terroriste de Trèbes en 2018.
Dressée sur la place qui porte désormais son nom, cette œuvre en bronze incarne le courage, l’engagement et le sacrifice ultime d’un homme dont la mémoire restera à jamais vivante.

La cérémonie s’est tenue en présence de Monsieur le Ministre de l’Intérieur, du général de la Gendarmerie nationale, de la famille du colonel Beltrame et de son avocat, ainsi que de la Garde républicaine, de la Légion étrangère, des Cadets de la gendarmerie, des élèves de l’école militaire de Saint-Cyr, des anciens combattant, des pompiers, de l’académie Militaire de la gendarmerie et du groupement blindé de gendarmerie.

Revivez la cérémonie à travers le reportage vidéo

Une œuvre d’art au service de la mémoire

Réalisée par le sculpteur Jean-Baptiste Seckler, la statue représente le colonel avec force, sérénité et élégance. Conçue en lien étroit avec la famille Beltrame, elle trône désormais au 1-3 boulevard du Général Gallieni, à la croisée des écoles et du square De Lattre de Tassigny.

Elle est entourée de plantations aux couleurs bleu, blanc, rouge et d’hortensias bretons, clin d’œil aux racines armoricaines d’Arnaud Beltrame.

Retour en images sur une cérémonie inoubliable


Du 18 avril 1973 au 24 mars 2018,
D’officier à Colonel,
D’inconnu à illustre,
Il était une fois un héros …  

Grand,
Brillant,
Un modèle pour notre génération.
Réussite et émérite le rendirent commandeur de la Légion d’Honneur.
Courage et détermination le rendirent unique.
Major de promotion, héros de la Nation.

Que les couleurs de notre patrie,
Portées par le souffle de la Liberté
Façonne un avenir où la fraternité efface le venin du terrorisme sur notre mère la France.
Là ou d’autre aurait reculé,
Lui a avancé, comme ceux qui sont tombés au champ d’Honneur,
Il lui a suffi de penser à la France,
Pour savoir ce qu’était l’espérance.
Son souvenir restera à jamais gravé dans nos mémoires,
De Moulin à Delestraint !
De Tassigny à Beltrame !
A jamais dans nos âmes !

Poème écrit pas les membres du conseil municipal des jeunes, lu par Noa.

Les discours officiels

Monsieur le Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, cher Bruno Retailleau, Madame Nicolic-Beltrame, Monsieur Damien Beltrame,
Messieurs les Préfet et sous-préfet du Val-de-Marne, Mesdames, messieurs les parlementaires, Monsieur le Président du Département, Mesdames, messieurs les élus, Monsieur le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale, Mesdames, Messieurs les Généraux, officiers, sous-officiers, et personnels de la Gendarmerie Nationale, de la Garde Républicaine, de la légion étrangère, de la Police Nationale, des Pompiers, de la Police municipale, Mesdames et messieurs les membres des délégations d’écoles militaires de Saint-Cyr et de Melun, Mesdames et messieurs les anciens combattants et porte-drapeaux, Maîtres de Montbrial, Cailliez et De Beauregard, chers Thibault, Louis et Henri, mes chers confrères, Mesdames, Messieurs, Impressionnante assemblée !

Réunie dans une ville de 18 000 habitants aux portes de Paris, une petite ville paisible au clocher et maisons sages. Pourtant, dans ce petit bout de France anonyme, tous nous voici. Ce paradoxe montre l’importance dans l’inconscient national de la personne que nous honorons. Laissez-moi vous en conter la genèse pour ensuite vous en livrer les raisons.
Comment nous est venu l’idée d’une statue ?

Ici-même sur ce rond-point se trouvait une haie de bambous peu gracieuse affublée de deux grosses fourmis chapeautées en tôle qui n’étaient pas des plus heureuses. Décision a été prise de tout revoir pour continuer d’embellir la ville à notre habitude. En parallèle, et sans rapport au départ, avec les élus nous nous étions promis de rendre hommage à Arnaud BELTRAME.

En cherchant quelle forme pouvait revêtir cet hommage nous sommes tombés sur la si belle statue érigée à Saint-Cyr l’école. On s’est demandés, pourquoi une statue ? Pourquoi pas ? Après tout baptiser une école du nom de Beltrame est aussi fort qu’une statue et réciproquement. Et puis, deux grosses fourmis chapeautées en tôle sont-elles plus légitimes qu’un héros national pour occuper notre espace public ?

Nous vivons une drôle d’époque où, pour certains, déboulonner des statues est plus honorable qu’en ériger. Nous revendiquons la liberté de penser que la France enfante encore des héros méritant d’être statufiés. Enfin, et plus prosaïquement, notre choix s’est porté sur une statue pour la beauté esthétique de l’œuvre qui permettait d’embellir le site tout en rendant hommage à Arnaud BELTRAME. Et cela faisait sens ici, à la croisée des écoles, devant la chapelle, à l’entrée des colonnades du square De LATTRE DE TASSIGNY cher Bruno RETAILLEAU. Cet illustre vendéen qui a lui aussi été l’honneur et l’orgueil de la Nation en son temps. L’esprit de ces deux illustres, breton et vendéen, se côtoiera désormais ici à Bry-sur-Marne.
Saluons ensemble le travail remarquable de l’artiste, Jean-Baptiste SECKLER, qui est parvenu à donner vie au bronze pour donner corps à un hommage qui s’inscrira dans les siècles grâce à ce métal impérissable. La statue a été travaillée avec la famille pour approcher au plus vrai. Le résultat est époustouflant de beauté, de force tranquille et d’élégance. Bravo Monsieur SECKLER !
Nous avons décidé d’entourer la statue de végétaux qui, au gré des saisons, feront jaillir le bleu, le blanc et le rouge de l’emblème national si cher au Colonel Beltrame agrémenté d’hortensias, cette plante si bretonne en écho à ses racines armoricaines, lui qui était tant attaché à sa terre.
Je profite de ce propos liminaire pour remercier les agents municipaux pour leur beau travail et les 25 mécènes qui ont permis cette belle réalisation. Petits commerçants Bryards ou plus grandes entreprises, à la simple évocation de l’homme ainsi statufié, vous avez donné sans réfléchir. Du fond du cœur merci à vous.


Monsieur le Ministre de l’Intérieur, votre présence montre l’importance de l’homme honoré. Tout comme celle de vous autres les militaires qui avez décidé de venir en masse pour honorer votre frère d’armes tombé au combat, en héros. Il en va de même avec les près d’un demi-millier de communes qui lui ont déjà rendu hommage en baptisant des rues, casernes, écoles, collèges, lycées, places, squares, parcs et jardins. Autant d’hommages pour un homme en si peu de temps, c’est un fait inédit depuis la seconde guerre mondiale.


Alors, après l’hommage de la patrie rendu aux Invalides le 28 mars 2018 par le Président de la République et à la suite de si nombreuses villes, ces petites patries, Bry-sur-Marne s’honore de rejoindre ce chapelet d’hommages. C’est justice, et le moment vient de vous en livrer les raisons :
« Lâche la petite dame, elle n’a rien fait, prends-moi je représente l’État ! ».
Le 23 mars 2018, en milieu de journée, le cœur de la Nation toute entière se serrait en apprenant la survenue d’une nouvelle attaque terroriste sur le sol de France faisant 3 victimes froidement abattues, une quinzaine de blessés et, stupeur, une prise en otage d’un gradé de la Gendarmerie qui s’était volontairement substitué à une femme innocente jusqu’alors retenue par l’islamiste, nous l’apprendrons plus tard, affilié à Daesh.
Dans les heures qui suivirent, nous apprîmes qu’un choc décisif s’était déroulé dans le huis-clos d’une petite salle du magasin à l’issue duquel le terroriste était abattu et le gendarme transporté en urgence absolue à l’hôpital. Alors, le cœur de la Nation toute entière se serrait plus encore et, chacun, nous retenions notre souffle dans l’espoir que celui qui avait posé cet acte ultime de bravoure survivrait.
Au petit matin, nous apprenions que la mort l’avait emporté en ayant la consolation, mince mais bouleversante, de partir aux côtés de son épouse Marielle et en présence du père Jean-Baptiste qui les préparait au mariage. Alors, le cœur serré de la Nation toute entière se remit à battre, à battre à tout rompre, à battre de stupeur mais aussi d’admiration. Admiration pour celui qui a eu la force d’âme inouïe de se faire otage pour libérer une femme inconnue, de ne pas courber l’échine et, enfin, d’engager une lutte, à mort, pour nous protéger et, ce faisant, rester fidèle à son idéal jusqu’à l’extrême limite de ses forces d’homme.
Il était entré comme soldat d’élite valeureux dans cette petite salle, il en est ressorti comme héros de la Nation dont la France découvrait l’existence : Arnaud BELTRAME.


Arnaud BELTRAME. Ce nom se posa sur toutes nos lèvres, nous qui le prononcions pour la première fois et ainsi, en quelques heures à peine, de lèvres en lèvres la rumeur de son nom murmuré parcourut la France entière, des métropoles aux villages, des campagnes aux montagnes, des plaines aux littoraux. Et par-delà même les frontières nationales, voici que le monde entier susurrait son nom. Arnaud BELTRAME.
Le peuple de France ne s’y est pas trompé, il a tout de suite reconnu en Arnaud BELTRAME un fils de France mort pour le service de sa cause dans des conditions stupéfiantes, d’une radicale et insondable beauté, qui le hissaient sur le champ au panthéon des grands de la Nation.
« Lâche la petite Dame, elle n’a rien fait, prends-moi je représente l’Etat ! ». Arnaud BELTRAME devait se marier religieusement trois mois plus tard avec la femme de sa vie. Pourtant, il a eu le courage vertigineux de prononcer ces mots pour sauver une inconnue avant de livrer l’ultime assaut.
« On ne voit bien qu’avec le cœur » disait le renard du Petit Prince sous la plume de Saint-Exupéry. Madame NICOLIC-BELTRAME, votre fils, Arnaud BELTRAME, votre « petit prince » comme vous le surnommiez affectueusement, a su voir, le 23 mars 2018 à Trèbes, avec son cœur.


Son cœur de soldat, son cœur de serviteur de la Nation, son cœur de patriote et d’homme d’honneur resté fidèle à son serment de servir la France et de nous protéger au péril de sa propre vie. A cette seconde, il n’était plus seulement votre « petit Prince » Madame, ou votre grand-frère Monsieur, à cette seconde il devenait l’espérance de tous les Français.
« L’espérance est le désespoir surmonté » selon Bernanos. Oui, face au désespoir qui pouvait nous affliger après tant et tant d’attaques terroristes, Arnaud BELTRAME est devenu le symbole de notre espérance. Celle de toujours voir se dresser des hommes de bien pour entraver la marche du mal. Car au fond, c’est de cela qu’il s’agissait, et qu’il s’agit toujours. Face à la menace islamiste qui veut renverser notre art de vivre civilisationnel, de façon violente ou insidieuse, ayons une lucidité totale et une détermination implacable.
Et ce n’est pas le seul danger. L’hyperviolence quotidienne et les faits divers se succèdent à un rythme effréné marquant un fait de société. En face, tous les jours, des femmes et des hommes de bien se battent. Je pense à toutes nos forces de sécurité intérieure et de secours. Vous êtes le bouclier de la Nation, soyez-en remercié. Mesdames, messieurs, je vous demande de les applaudir.


Arnaud BELTRAME a regardé le Mal dans les yeux et lui a opposé un geste bouleversant d’amour, un geste lumineux de don absolu de soi au service de plus grand que soi : l’idéal d’une civilisation qui a enfanté l’esprit chevaleresque et l’amour courtois auxquels il était si attaché, qui aime et protège les femmes innocentes, qui aime et protège les plus fragiles, qui aime et protège les gens honnêtes. Arnaud BELTRAME incarne au plus haut degré cette noblesse du soldat français.
C’est donc avec beaucoup d’émotion, que nous nous associons à l’hommage national rendu aux Invalides et aux centaines d’hommages communaux depuis lors. C’est justice. C’est justice et, j’en finirai par-là, et c’est le maire qui vous parle, cela doit tous nous rassembler. Tous.


Les valeurs patriotiques et humaines incarnées à leur paroxysme par Arnaud BELTRAME transcendent tout : opinions politiques, philosophiques, religieuses, origines, classes sociales, tous nous devons reconnaître en son geste la primauté absolue de l’amour du prochain contre la haine et l’absolue nécessité de ne jamais courber l’échine quand l’essentiel est en jeu.
Alors, cette statue incarnera la concorde nationale autour de ces valeurs qui rassemblent. Ainsi, dans notre belle ville de Bry-sur-Marne, de génération en génération, lorsque les petits écoliers du quartier passeront devant la statue, ils demanderont « Papa, Maman, qui est le monsieur en statue ? », et leurs parents de répondre : « il s’agit d’un héros français, un homme qui a été prêt à mourir pour faire triompher le Bien, assis-toi je vais te raconter son histoire ». Et voici que de génération en génération, nos enfants comprendront que le courage, le don de soi et la défense pour l’amour de la France sont des valeurs qui n’appartiennent pas au passé.


Qu’on peut toujours opposer le Bien au Mal et que notre pays regorge dans son Histoire, même récente, de grandes femmes et de grands hommes qui peuvent nous rendre fiers d’être Français. Français, selon Ernest Renan. Français non forcément par l’origine mais par le cœur, par l’adhésion à cette belle et fantastique épopée humaine dénommée France. Alors, le sacrifice ultime d’Arnaud BELTRAME ne sera pas vain.


Colonel Arnaud BELTRAME, sur ce rond-point depuis votre piédestal, vous qui nous saluez après avoir été jusqu’à mourir pour nous protéger, nous vous honorons, comme nous saluons tous vos frères d’armes tombés en service et ceux ici présents autour de vous, engagés à votre suite pour poursuivre le labeur.


HONNEUR ET RECONNAISSANCE AU COLONEL ARNAUD BELTRAME ! POUR QUE VIVE LA REPUBLIQUE ET VIVE LA FRANCE !

Seul le prononcé fait foi

Mesdames et messieurs les parlementaires, Monsieur le Président du Conseil départemental, Monsieur le maire, Maître, Mesdames et messieurs les élus locaux, Monsieur le Directeur général de la gendarmerie nationale, Mon général, Mesdames et messieurs en vos grades et qualités, Chère famille

Il y a sept ans, le 23 mars 2018, le lieutenant-colonel Arnaud BELTRAME mourrait de la main d’un terroriste islamiste. Il y a sept ans, un lâche prenait trois vies, et un officier donnait la sienne.

« Prends-moi à sa place ». Ces mots, lancés comme une supplique de l’héroïsme à la barbarie, ces mots, encore aujourd’hui, nous transpercent le cœur. Mais sans que nous puissions percer le secret qui les rendirent possibles. Car il y a, dans le geste d’Arnaud BELTRAME, bien plus qu1un acte admirable: il y a un mystère insondable. Le mystère du sacrifice.

Quelles forces invisibles furent à l’œuvre dans la vie d1 Arnaud BELTRAME pour faire jaillir ce don sublime ? Ces forces, elles se découvrent dans les fils qui ont tissé la trame de son existence. Des fils tendus par une même exigence : « tirer vers le haut».

« Tirer vers le haut» : des mots que répètent tous ceux qui l’ont connu. Le colonel Luzet, l’ami des premières années passées au se Régiment d’artillerie et à l1Ecole militaire interarmes. L’adjudant­ chef Siegwart, qui servit sous ses ordres dans la Garde républicaine. Le colonel Gay, qui l’accueillit au sein du groupement de gendarmerie départemental de l’Aude. Tous nous disent qu’Arnaud BELTRAME était habité d’une volonté inflexible de tirer ses frères d1armes vers le haut, pour qu’ils puissent accrocher leur regard à la plus haute étoile. Parce que tous avaient fait le serment d’apprendre et de s’élever, pour servir et commander, alors ils se devaient de tout donner. C’était la promesse des chefs. C’était le devoir des officiers.

Arnaud BELTRAME en était un. Et il emprunta sans hésiter les sentiers de l’adversité. Ils l’emmenèrent loin, jusqu’en Irak, où il fut engagé en 2005 comme chef du détachement de gendarmerie. Il y laissa le souvenir profond d1un homme prêt à tout pour remplir son devoir. Jusqu’à y consacrer sa vie, sans regret mais avec gravité, parce qu’elle était celle du gardien des choses sacrées. Oui, tout ce en quoi croyait Arnaud BELTRAME lui commandait de voir dans toute vie humaine un trésor inestimable. Pour lequel tout devait être sacrifié. L’existence du lieutenant-colonel BELTRAME n’était pas seulement faite d’une exigence. Elle s’organisait toute entière autour d’une transcendance. Aguerrir son corps, affermir son esprit, pour être prêt. Prêt lorsque le moment viendrait, si jamais celui-ci devait un jour venir. Prêt à avancer, quand tout porterait à reculer. Prêt à faire le sacrifice suprême, pour sauver l’essentiel.

Cet essentiel, c’était bien évidemment la vie des hommes. C’était aussi la vie d’un peuple. Le sien. Le nôtre. Protéger les Français et servir la France. C’était ce feu qui brulait au plus profond de lui. Et qu’il s’était fait le serment de conserver. Oui, Arnaud BELTRAME savait qu1il était le dépositaire d1une étincelle dont peuvent jaillir les plus grands feux. Ces feux qui, tant de fois dans notre histoire, ont éclairé le courage des hommes quand tout semblait consumé. Ce feu  qui  brillait dans le regard de Jeanne devant Orléans, des volontaires à Valmy, des derniers braves du bois des Caures à Verdun, des marins de l’île de Sein. Ce feu qui poussa Arnaud BELTRAME à ne pas reculer, à avancer, face au terrorisme islamiste.

En prenant la place d1un otage, il illumina les ténèbres. Et la flamme qui l’animait ne s’est pas éteinte avec lui. Elle nous a été transmise, ravivée de son exemple. Et elle nous réchauffe d’une nouvelle espérance. C’est l’espérance du bien. Malraux a écrit que le sacrifice était « le seul domaine aussi fort que celui du mal». Ce jour-là, Arnaud BELTRAME a donné une puissance concrète à cette vérité : au mal radical, il a opposé la radicalité du bien. A la barbarie d’un homme, il a opposé la bonté d1une âme.

Une âme assoiffée, mais non desséchée. Une âme habitée, et non pas désertée. Habitée par une foi en l’homme, et en ce que nous sommes. A l’heure de sa mort, un officier français nous a dit de ne jamais désespérer de la France. Que même fragilisée, que même fracturée, que même blessée, notre nation est toujours capable d’enfanter des héros. Que ces héros peuvent être autour de nous. Qu’ils peuvent être chacun de nous. Car ce n’est pas la mort qui fait le héros, c’est la vie qui leur en donne l’occasion.

Madame, Monsieur, votre fils et votre frère était déjà un héros de son vivant. Comme le sont tous nos policiers, nos gendarmes, nos sapeurs-pompiers. Face à une France qui s’ensauvage, ils opposent la France qui s’engage. Face aux assauts du chacun pour soi, ils sont les remparts du don de soi. Et par la force de leur engagement, la pureté de leur dévouement, ils empêchent que la France ne se défasse, qu’elle entre dans un autre âge, un autre monde. « Le monde de ceux qui ne croient plus à rien, qui s’en font gloire et orgueil. Le monde de ceux qui ne se dévouent plus, qui ne se sacrifient à rien. Et qui s’en vantent», comme l’écrivait Péguy.

Arnaud BELTRAME s’est sacrifié parce qu’il croyait. Il croyait qu’une vie ne se termine jamais vraiment. Qu’elle continue à résonner dans l’éternité. Il croyait que le sens de l’existence est d’aimer, de donner. Il a aimé son prochain, il a aimé sa patrie. Alors, il a donné sa vie. Et ce don est une leçon. En opposant la beauté de l’acte à l’absolu nihilisme, il nous a enseigné que nos cœurs n’étaient pas vides. Que le relativisme et le consumérisme ne constituaient pas la fin de notre histoire. Que nous n’étions pas condamnés à laisser l’islamisme écrire, à notre place, un récit qui n’est pas le nôtre. En fin de compte, Arnaud BELTRAME nous a rappelé que les conditions d’existence d’un peuple ne sont pas seulement matérielles, mais qu’elles sont aussi, et surtout, immatérielles.

A l’heure où se dévoile la menace que font peser nos ennemis sur notre démocratie, il est urgent de nous inspirer de l’exemple d’Arnaud BELTRAME. Et de croire. De croire en nous. De croire en notre nation. De croire en la France. Et de renouer le fil de notre histoire, de retisser les liens invisibles de notre fraternité que sont le sentiment national, la transmission de la culture et la fierté d’appartenir à une grande nation.

C’est cette espérance française que nous rappellera la statue de ce héros que nous inaugurons en ce jour. Elle appellera tous ceux qui, pour la voir, relèveront la tête, pour rester droit et fort dans la tempête. Et de là où il est, Arnaud BELTRAME aura la joie du devoir accompli, celui qu’il s’était imposé à lui-même toute sa vie: tirer les autres vers le haut.

Vive le colonel Arnaud BELTRAME, Vive la gendarmerie nationale, Vive la République, Vive la France.


L’hommage à un héros de la Nation

Le Colonel Arnaud Beltrame a donné sa vie le 23 mars 2018, en se substituant volontairement à une femme prise en otage lors d’une attaque terroriste à Trèbes. Son sacrifice incarne le courage, le don de soi et l’amour de son prochain.

Sa statue, désormais visible à Bry-sur-Marne, portera son message aux générations futures.